Les fidèles s’en seront déjà aperçus : le ton se durcit à la Direction Artistique. Si, à la création du label fin 2006, nous n’affichions comme seule prétention que celle de « promouvoir des musiques débarrassées d’intérêts économiques et de considérations politico-masturbatoires », il est aujourd’hui grand temps de faire le constat d’un virage à 180°. Demi-tour, quoi – je précise parce que des fois je lis « oui j’ai fait un virage à 360° » et ça m’énerve.
Première chose, on travaille tellement dur qu’on a plus vraiment le temps de travailler ailleurs pour gagner notre croûte. Certains jonglent entre le taf la semaine et les concerts le week-end, d’autres, qu’on surnomme les producteurs « alt+tab », font avancer la cause en temps masqué, souvent aux frais d’une société tierce avec laquelle nous n’avons pas signé d’accord-cadre. Dans ces conditions, prétendre ne pas se soucier du modèle économique de nos productions est une douce rigolade, et notre but aujourd’hui est bien de pérenniser (y compris financièrement) notre espace de création. Car notre musique n’est pas systématiquement conçue dans le but d’être vendue, mais plutôt dans le but d’être écoutée, ou, mieux, inspirante et donc utile. Autant de qualités qu’il est devenu désormais assez rare de retrouver dans un même morceau.
Deuxièmement, les MP3 et les concerts s’enchaînant, il est devenu de plus en plus difficile de faire abstraction du caractère subtilement politique de notre travail et de la façon dont nous le faisons. En 2012, un label indépendant, défendant des musiques qu’on n’entend pas habituellement à la radio et qu’on croise assez peu sur les gros festivals, porté par une société commerciale auto-financée à 100% par les concerts, ça ne court finalement pas les rues, et cela traduit des valeurs fortes qu’il s’agit de ne pas compromettre auprès de la première société tierce venue.
Conséquence assez logique, nous travaillons à promouvoir notre vision des choses auprès des confrères, des institutions ou des quelques médias qui peuvent s’y intéresser. Mais c’est en premier lieu auprès de notre public que nous voulons expliquer notre philosophie de la snare, et cela se traduira prochainement par une timide mais sincère chiée de bouquins plus ou moins artisanaux décrivant nos aventures.
Alors achetez-vous des étagères, on fera des couvertures colorées.