Des exhibitionnistes sur scène

Avec son aimable autorisation, nous reproduisons ici une publication de l’excellent Mihai Pîrvan, musicien tzigano-vendéen qui sévit dans toute la France avec une souplesse, une technique et une endurance qui en laissent plus d’un pantois (de l’ancien français pantoier – palpiter, frémir, haleter – variante de pantoisier, dérivé du latin populaire pantasiare – avoir des visions, rêver – ce qui l’apparente à fantaisie mais aussi à panteler, d’après Wikitruc).

« Je n’ai jamais autant appris de la musique que lorsque j’ai été complètement hors de ma zone de confort. Quand les difficultés ont été au summum, quand les situations faisaient qu’on devait donner quelque chose rapidement sans en oublier la qualité. Dans la musique roumaine et tsigane, un individu lambda peut arriver et te demander un titre extrêmement précis. Ou alors il te donne un thème: chante pour ma mère / chante pour mon frère qui est en prison / chante pour mon fils qui se marie aujourd’hui / pour ma fille qui est baptisée.
Tout moment de la vie, est accompagné et raconté en musique et par la musique.

Si l’inconnu qui a demandé un titre est satisfait, il glisse un billet (selon satisfaction) aussitôt dans le pavillon du saxophone, dans la chemise du chanteur, dans les cordes du violon. Souvent, très souvent les gens sont en transe, ils pleurent, ils dansent, la plupart du temps les deux dans la même soirée ou en même temps.

La « scène » quand à elle, supprime d’office cette proximité avec le public. Elle est en général en hauteur. Les public ne peut pas venir parler à l’oreille du musicien. Ce format de jeu est exceptionnel, et c’est seulement en le côtoyant que je me suis rendu compte que notre façon occidentale de restituer un répertoire dans une duree deja convenue n’était pas réellement de la musique vivante, enfin, elle peut l’être si on entend par vivant le fait que les vibration des cordes sont de la vie. Mais elles ne rythment pas la vie à proprement parler et surtout il ne s’agit pas de tradition alors même qu’il peut y avoir une régularité des pratiques de danse ou de musique (Ex. Festival de musique traditionnelle , éditions annuelles).

Le format que nous utilisons, même dans les musiques dites improvisées est finalement une exhibition. Une exposition de ce qu’on a appris à la maison, et ce même quand on est en plein solo. »

Le mec est fort.
Et il droppe ça à 06:51 sans pression :

Un putain de lundi matin.
-> Suivez ce mec.