La survie, c’est notre métier

Bonjour à tous !
Un petit point-étape en cette période de crise.
Toute l’équipe est sur le pont depuis les premières annonces de restriction de jauge qui ont été pour nous les premières alertes. La situation est délicate mais on travaille dur.

Nous avons donc eu en premier lieu l’annulation de deux gros événements à jauge 700, initialement prévus en mars, qui ont fait (et font encore) peser un risque important sur la tréso à court terme. Cela devrait pouvoir se régler si on parvient à faire annuler les acomptes versés aux artistes et les réservations d’avions et d’hôtel. Ça c’est pour le risque à très court terme.

Le risque à moyen terme, c’est qu’on prenne du retard sur la promotion des disques censés sortir dans les prochains mois (4 prods d’album + 6 releases parties à Paris et dans l’Ouest d’ici mai), que la distribution physique en bacs soit reportée faute de magasins ouverts, voire que les pressages soient également retardés – et ces pressages conditionnent le versement des soldes des financements. Financements pour lesquels le report des commissions a d’ailleurs déjà commencé (FCM et Bureau Export notamment). L’incertitude sur les tournées a également gelé nos nouvelles demandes de financement (une dizaine de dossiers devaient partir d’ici fin mars). Les urgences font passer nos demandes au second plan, nous avons par exemple plusieurs dizaines de milliers d’euros dehors au seul titre du FONPEPS et l’ASP est débordée.

Bref, un effet boule de neige. Cette crise arrive au moment précis où nous terminons d’investir des dizaines de milliers d’euros sur la restructuration des activités et sur les albums qui vont sortir, et alors même que nous commençons à peine à faire entrer les acomptes pour les dates de l’été (acomptes sur les contrats de cession signés et acomptes des subventions sur le tour), sans parler des annulations des dates du printemps, dont le Printemps de Bourges pour n’en citer qu’un. Pour ce problème de trésorerie moyen terme, nous courons après les reports de paiement des cotisations sur les salaires ou des impôts, et je suis en train de faire des demandes de crédit d’urgence là où on est éligible. Des reports et des crédits c’est bien, mais ce n’est pas du chiffre d’affaires, il faudra bien payer un jour.

Donc 2 risques majeurs sur les structures, pour lesquels on a commencé à identifier des solutions. Passons maintenant à nos artistes.

On attend toujours des propositions concrètes de Pôle Emploi quant au calcul des droits au chômage des intermittents. Le gouvernement étant pro-entreprises (euphémisme), il est possible qu’il se contente de nous aider en tant que structures, et de nous demander de prendre nous-mêmes les décisions sur l’allocation du fonds d’urgence. Sauf que les spectacles étant largement annulés ou reportés, il va être un peu étrange de vous salarier à ne rien faire. Donc PE doit clarifier ça avant tout chose.

Si cette option se confirme, on sera confrontés pour chaque équipe au choix suivant : sauver les statuts qui peuvent l’être quitte à reporter des sorties ou des projets, ou bien sauver les disques avant tout, qui sont le principal actif d’un label/éditeur. On fera du cas par cas (toutes structures confondues, on gère jamais plus qu’une vingtaine d’équipes) mais vous pouvez déjà avoir la discussion entre vous : quel est le niveau de stress sur le renouvellement du statut de chacun, quels sont les projets reportables, etc.

Sachez que par souci d’efficacité et de lisibilité, ma préférence va actuellement à un report général de toutes les sorties (au moins physiques) à l’automne. Je trouve le contexte particulièrement peu propice à la promotion de la musique enregistrée et je préfère avoir un discours clair et intelligible à l’échelle de tout le catalogue. Reporter signifie sauvegarder la tréso, les structures et les statuts, et garder la force de frappe en promo pour une période favorable. Mais j’aurai le débat avec chacun d’entre vous.

Il est fort probable qu’il n’y ait en revanche pas de report de notre activité de tour : après la crise sanitaire, les gens ne vont pas aller voir des concerts le lundi soir pour compenser leur manque dû au confinement : il y aura une reprise, bien sûr, mais pas de rattrapage, et notre public est aussi constitué d’intermittents, d’étudiants, d’indépendants qui auront déjà beaucoup de boulot pour sauvegarder leur situation personnelle. 2020 sera nécessairement une année de merde pour le pestak.

Malgré ça, on reste optimistes sur le long terme : nos structures sont agiles, nos équipes déterr, et votre musique entre de bonnes mains qui fleurent bon le GHA.

Laissez-nous encore quelques jours pour choper les infos et faire nos calculs ; confinez-vous, écrivez et enregistrez de la musique si vous y arrivez, sinon reposez-vous. On aura besoin de gens en forme pour la suite.

A très vite !
La bonne dir’