Revue de presse /// Labels indépendants et plateformes de streaming : qui a besoin de qui ?

Dans la série « revue de presse du web » commentée, un article tout frais : Les indépendants exclus de la future offre de streaming audio de YouTube ? à consulter sur l’excellent NextInpact.com. Cette fois c’est en français donc pas d’excuse, lisez-le.

La question soulevée en conclusion est la suivante : qui a besoin de qui ? Les catalogues indépendants agrégés regroupent jusque 30% du catalogue mondial, et c’est quand même beaucoup. On aurait aimé savoir s’il s’agit de 30% du nombre de titres, du chiffre d’affaires (assez peu pertinent comme donnée en ces temps de crise du disque et en termes de défense de la diversité) ou bien encore 30% du nombre d’écoutes uniques. En tout cas, il y a fort à parier que les acteurs du streaming ont davantage besoin d’un modèle économique rentable et efficace que d’un modèle « éthique » prenant en compte les intérêts des indépendants.

Inversement, et pour paraphraser Talitres, ces plateformes ne sont guère plus qu’un outil promotionnel pour les indépendants, et il est toujours rageant d’entendre quelqu’un dire qu’il n’écoute de musique que sur Grooveshark (plate-forme moisie s’il en est) alors que notre propre catalogue n’y est pas. On a tous envie d’être sur iTunes comme les vraies stars, même si on n’y génère que quelques roubles chaque mois, ne serait-ce que pour avoir un peu de visibilité. Enfin, en admettant que le fait d’avoir un jpeg qui gigote à côté de celui d’une pute ou d’un musclor à dollar constitue une visibilité digne d’intérêt.

N’oublions pas qu’à chaque nouveau morceau que nous uploadons sur ces plateformes, nous leur donnons pour environ 0$ de la crédibilité « oui nous avons aussi plein de trucs underground au catalogue et pas que de la soupe FM » et du trafic, qui est assez rapidement redirigé vers les productions des majors (il suffit de voir un peu les recommandations et les home).

Saluons donc l’initiative des 200 labels britanniques, saluons 1D-Touch en France qui propose un streaming équitable, et restons critiques à l’égard des tuyaux dans lesquels nous faisons circuler notre travail. N’oublions pas le temps incroyable que cela nous prend d’alimenter ces trucs et les effets que leurs ergonomies ont sur notre façon de composer et de produire. Et oublions les effets de buzz propres aux âges d’or de MySpace ou Facebook : aujourd’hui, il n’y a plus de réseau qui fasse l’unanimité. C’était cool d’essayer le hold-up quand il était encore possible, et on en connaît tous qui en ont profité – maintenant, retour au seul triptyque qui ait jamais payé :

EQ – REVERB – COMP